Lors de la guerre Franco-prussienne de 1870-1871, le département de l'Indre n'a pas été envahi mais il a néanmoins payé un lourd tribu en vies humaines puisque l'on dénombre 344 noms sur les plaques du monument aux morts de la guerre de 1870.
Châteauroux a accueilli les armées du Sud qui gagnaient le front et, après la défaite, les armées qui se repliaient au Sud de la Loire. Lorsqu’à été organisée la défense de la "ligne de la Creuse" la ville a reçu, pendant plusieurs jours, environ 23000 hommes c'est-à-dire plus que sa population qui était de moins de 19000 habitants.
A Châteauroux, Léon Talichet crée une société "de gymnastique, de tir et de préparation militaire" en 1883. En 1896, il initialise l'idée d'un monument commémoratif pour "le sacrifice des enfants de l'Indre pour la France en 1870-1871". La souscription est lancée dans tout le département, les dons, parfois très modestes de la part de famille pauvres, affluent. L'État, le département et la ville subventionnent le projet qui est confié au sculpteur Raoul Verlet, second Prix de Rome et médaille d'argent au Salon de 1887.
La composition, très allégorique, s'inspire de l'œuvre de Rude "La Marseillaise" pour l'Arc de Triomphe de l'Étoile. La "Patrie" domine l'ensemble, le drapeau tient une place iconographique essentielle, et le jeune volontaire Indrien est représenté en "nudité héroïque" pour bien marquer qu'il fait don de son corps à la France. La sculpture, installée en début de place, est orientée vers l'Est et le jeune-homme est en position de marche.
La représentation de la "nudité héroïque" dans ces œuvres commémoratives est souvent critiquée. Un chansonnier qui se produit à Châteauroux au "Pierrot noir" surnomme le jeune soldat "couche tout nu". Le mot est repris en ville.
Aujourd'hui la sculpture porte le nom de "Monument aux morts de la guerre 1870-1871".
Côté Ouest de la sculpture, Raoul Verlet a représenté une jeune-fille, pensive et réfléchie, supposée être la fiancée ou la sœur du jeune soldat. Il se serait inspiré du personnage du roman de George Sand, "La petite Fadette". George Sand, née Aurore Dupin, est originaire de Nohant, près de La Châtre. Elle y recevait de nombreux artistes célèbres, qui en descendant du train de Paris venaient prendre la patache pour Nohant sur cette place. Georges Sand est décédée en 1876, la statue de la "Petite Fadette" honore sa mémoire à Châteauroux.
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En "parlé Berrichon", une fade est une sorcière, c'est-à-dire "quelqu'un qui possède le don". Ce n'est en rien péjoratif. Le "Don", celui qui le possède l'utilise "bien" ou "mal", c'est ce qui fait la différence.
Source :
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